Hors d’œuvre
Bienvenue dans cette première newsletter !
Cette rubrique, qui servira ensuite de mise en bouche pour les prochains numéros, va me permettre pour cette première édition de présenter le propos de la newsletter.
Au menu ?
Une newsletter comme un billet d’humeur autour de l’art de vivre à la française et des tendances food/gastronomie structurée autour de :
- 3 « snack contents » en alternance
o 1 dédié à des actualités restaurants, nouveau produit agroalimentaire, évènement, ouverture, …
o 1 dédié à ouvrir les horizons (lu, vu ou entendu ailleurs ou tendance à l’étranger)
o 1 dédié à des infos insolites
- 1 contenu plus long qui décryptera à chaque fois l’air du temps, une tendance du domaine de l’art de vivre ou de la gastronomie
Aucun enjeu si ce n’est le plaisir d’avoir un contenu qui me représente, à savoir, passionné par la thématique mais très libre tant dans le choix des sujets que dans le ton. Et - forcément - avec un côté très français tant dans le caractère que dans l’importance de la place de l’art de vivre au quotidien.
Bonne lecture et merci d’avance pour vos retours !
Plat de résistance
A première vue, haute couture et gastronomie peuvent sembler antinomiques.
Le 36 fait plutôt référence pour le premier à la taille mannequin (voire le 34), là où il ferait plutôt référence pour le second à la teneur en matière grasse.
Fille filiforme vs. chef débonnaire, feuille de salade vs. sauce montée au beurre, coca light vs. grand cru bourguignon, bref, à première vue, rien à voir et même une complète dichotomie.
Oui mais ça c’était avant.
Maintenant, il y a les restaurants de haute couture et notamment le restaurant Monsieur Dior avenue Montaigne, le Café Prada chez Harrod’s, Breitling Kitchen à Genève ou des restaurants Louis Vuitton à Osaka, Saint Tropez ou Chengdu. Mais aussi les hôtels, comme le Palazzo Versace en Australie (le tout premier hôtel ouvert par une marque de mode), l’hôtel Armani à Dubaï ou le tout récemment ouvert hôtel de Christian Louboutin au Portugal. Deux rouleaux compresseurs de la mode ont aussi annoncé l’ouverture prochaine de leur hôtel en nom propre : un hôtel Louis Vuitton à Paris et un hôtel Dolce&Gabbana aux Maldives.
Précision importante pour tous ces lieux : il ne s’agit pas d’un espace de restauration ou d’hébergement sous-traité n’ayant aucun lien avec la marque (vade retro Ladurée ou Sofitel !) mais bien d’un espace dédié à l’hospitalité portant le nom de la marque et construit en cohérence avec son image.
La raison à tout cela tient en un seul mot, en 9 lettres et en un anglicisme : j’ai nommé le très tendance LIFESTYLE.
En effet, pour une marque de luxe, proposer « simplement » des vêtements et des accessoires ne suffit plus et spécialement pour séduire les nouvelles générations. En effet, comme l’explique Marie-Cécile Cervellon, enseignante chercheuse en marketing à l’EDHEC, « Le mot d’ordre des maisons de luxe est de séduire la nouvelle génération, aussi bien les millenials que la GenZ, dont l’appétit est aiguisé par les possibilités de vivre des moments sensationnels avec les marques »
D’un point de vue client, cette diversification d’activités permet de faire vivre une expérience multisensorielle, premium (les clients de l’hôtel ont souvent droit à une séance de shopping privative dans la boutique liée) et culturelle (par exemple, le potage Colle Noire du restaurant Monsieur Dior est cuisiné à partir des herbes du potager de la propriété historique du couturier). Bref, on porte la marque, on vit la marque, on mange la marque. Un Disneyland version 5 étoiles (et quelques dollars de plus).
Du point de vue de la marque, les avantages sont multiples. De manière très concrète, cette extension des activités permet de fidéliser le client, de multiplier les points de contact, de l’inviter à consommer plus et d’en faire un véritable ambassadeur de marque. En plus de cette fidélisation, la diversification via l’hospitalité permet de recruter une clientèle plus large souvent férue d’une certaine vision de l’art de vivre.
Enfin du point de vue des actionnaires, cette diversification permet d’ouvrir un nouveau centre de profit à forte rentabilité. En effet, le secteur de l’hôtellerie de luxe (plus encore que celui de la gastronomie) offre une très forte rentabilité et tout particulièrement dans une ère post-Covid sous forme de “revenge spending”.
Toutes ces mutations du secteur tendent à faire du F&B (Food&Beverage pour les intimes) un des segments à part entière de l’industrie du luxe au même titre que la maroquinerie ou la parfumerie.
Bref, la matérialisation de ce fameux « je ne sais quoi » que les étrangers envient aux français, de cette attitude globale « tellement française », de l’alliance du « French flair » … et de la food (mais qu’est ce que ce titre est bien trouvé!).
La cerise sur le gâteau
Pour poursuivre « là (où) tout n’est qu’ordre et beauté. Luxe, calme et volupté », je vous invite – bien sûr à relire Baudelaire – mais aussi à écouter le podcast « Entreprendre dans la mode » consacré aux fondateurs de Iconic house. Ils y expliquent leur nouvelle vision de l’hospitalité et là encore, l’importance de la création d’une expérience client au-delà de la seule dimension de service de l’hôtellerie 5*.