French flair (& food), menu du 15 mai 2023
Tout nouveau tout show
Les spiritueux et le show-biz ont tendance à faire bon ménage. On ne compte plus le nombre de personnalités ayant investi dans ce business sans doute plus comme une fantaisie parmi tant d’autres qu’avec une vraie expertise dans le domaine : Brad Pitt et son domaine de Miraval, Georges Clooney et sa tequila Casamigos, Jay-Z et son cognac d’Ussé.
Cependant, l’annonce toute récente du lancement du gin Renais par Emma Watson a surpris à plusieurs niveaux. Tout d’abord car l’actrice pour le coup n’est pas une figure de proue du show business (au sens propre du terme !) et utilise plutôt son image pour mettre en avant des causes qui lui tiennent à cœur et non des produits « bling » mais surtout car ce lancement a été l’occasion de découvrir une véritable expertise familiale autour de la vigne bien cachée jusqu’à présent. En effet, son père possède un vignoble en Bourgogne près de Chablis depuis plus de 30 ans et la fratrie a donc baigné (au sens figuré du terme cette fois-ci !) dès sa plus tendre enfance dans le vin.
“C’est une ode aux vignobles ensoleillés de Chablis où ma famille fait du vin depuis 30 ans. Renais gin est notre lettre d’amour à Chablis “ Emma Watson
Un gin de plus parmi les gins ? Pas tout à fait. Tout d’abord car ce gin est à base d’alcool de raisin et non d’un alcool neutre ce qui lui donne donc des notes aromatiques uniques et aussi car il s’ancre dans une démarche totalement responsable. Un produit neutre en carbone tant dans le contenu (la base d’alcool est distillée à partir de résidus de la vinification tels que les peaux et les lies) que dans le contenant (un emballage issu de champignons).
Une formule magique vendue à 60£ la bouteille et limitée à 3500 exemplaires pour la première série.
Plat de résistance
Quand on parlait d’abonnement dans les années 90, on pensait abonnement à un journal ou à Canal +.
Quand on parlait d’abonnement dans les années 2010, on avait plus en tête l’abonnement à la salle de sport ou à une plateforme de streaming.
Quand on parle d’abonnement maintenant, on parle de restauration.
En effet, le principe de l’abonnement, qui a été pendant de longues années cantonné à quelques domaines réservés, est rentré dans les usages des gens notamment via les mastodontes US que sont Netflix ou Amazon. Bref, l’abonnement est désormais possible pour tout (et pour tous), des croquettes du chat aux couches des bébés en passant par les fleurs toutes les semaines. Alors que les clients n’étaient que 51% à avoir fait appel à au moins un service d’abonnement tous domaines confondus en 2016, ils étaient déjà 71% en 2019 (source : étude Harris Poll pour Zuara). 4 ans après, la proportion doit encore être plus importante et le « streaming » est devenu mainstream.
Précision importante un abonnement est différent d’une carte de fidélité (sinon rien de nouveau sous le soleil !). L’abonnement consiste à payer chaque mois un montant déterminé pour pouvoir ensuite profiter – sur le mois donné – d’avantages en tous genres. La carte de fidélité permet quant à elle de profiter d’avantages en différé une fois un certain cumul de points obtenus.
La toute première chaîne à avoir lancé un abonnement est Panera bread aux Etats-Unis en 2020, avec une offre de cafés illimités pour 9$/mois puis Taco Bell début 2022 avec un pass mensuel à 10€ pour un taco par jour. En France, ce principe a été introduit principalement par l’enseigne anglaise Prêt à Manger, qui proposait – et propose toujours – un forfait de 5 boissons par jour pour 25€/mois et par la chaîne Del Arte dans laquelle, pour 35€/mois, le client peut bénéficier d’une pizza par jour parmi 5 au choix.
A Lyon, l’enseigne locale Uni qui vient de se lancer a directement mis en place le système de l’abonnement : pour 5,99€ / mois, les clients bénéficient d’une remise de 40% sur toutes les propositions de la carte.
Bref, on le voit bien, des US à la France en passant par le UK, des grandes aux petites enseignes, l’abonnement fait désormais partie intégrante de la proposition de valeur de la restauration.
Evidemment, pour que le système marche, il faut qu’il soit intéressant tant pour le client que pour le restaurateur. Pour l’un comme pour l’autre, on peut identifier 3 avantages principaux.
Pour les clients
L’abonnement permet de manière très pragmatique de profiter de tarifs avantageux dans un contexte inflationniste
Sur le moyen et long terme, il contribue à la premiumisation de l’expérience via des offres personnalisées et donne ainsi un sentiment d’exclusivité dont les clients sont toujours friands
Autre avantage de l’abonnement, beaucoup plus inconscient cette fois-ci, il contribue à la réduction du « pain point » que constitue le moment de payer. En effet, la somme – prélevée de manière automatique en début de mois – enlève le moment souvent le plus pénible au restaurant qu’est l’addition. Même si le montant est le même, la désynchronisation entre le moment de consommation et le moment de paiement permet au client de profiter pleinement du premier sans avoir le double effet kiss cool dans la foulée. Il en sort donc avec une expérience améliorée.
Pour les restaurateurs et les enseignes (une fois le périlleux équilibre de la rentabilité trouvé)
La fidélisation client à l’heure où ces derniers sont de plus en plus volatiles notamment à cause des plateformes de livraison (ces dernières ont en effet fait exploser la proximité géographique qui drivait le choix du restaurant avant). En effet, un client ayant souscrit volontairement un abonnement aura tendance, quand plusieurs options s’offrent à lui, à retourner dans l’enseigne où il a souscrit l’abonnement pour le rentabiliser. Pour l’enseigne, cela assure ainsi un chiffre d’affaires récurrent et permet aussi de générer des achats additionnels car au-delà de la boisson ou du plat inclus dans l’abonnement, le client aura tendance à compléter sa commande.
Le recrutement. Au-delà de la fidélisation, ce système permet aussi de recruter de nouveaux clients de manière assez efficace. En effet, les clients abonnés vont se transformer en prescripteurs et vont inciter leur famille ou des amis à venir. Effet boule de neige (ou papillon en fonction de la saison) assuré. Quand de moins en moins de personnes croient les promesses des marques, les clients ambassadeurs – avec leur enthousiasme et leur parole libre – constituent un levier de recrutement bien plus puissant que les canaux traditionnels de communication et publicité.
La data, un des enjeux centraux de l’expérience client à l’heure actuel. Chaque venue -et donc identification du client via son abonnement - va permettre la remontée d’information et une meilleure connaissance du client/des clients. Quand on sait en plus que les clients fidèles sont en général plus enclins à donner leurs avis et feed-backs, les enseignes voient dans ce vivier une base précieuse pour l’optimisation globale de leur performance (choix des plats, service, expérience en salle, à la caisse, etc …)
Au-delà d’un simple effet de mode, se profile avec ce système de l’abonnement une transformation beaucoup plus profonde du business modèle de l’hospitalité qui rentre dans l’ère de la « subscription economy ». Si l’abonnement est pour l’instant plutôt réservé aux enseignes de grande consommation, nul doute que les marques plus premium s’y mettront aussi dans les mois, années qui viennent. Pour preuve, le groupe Accor vient notamment d’annoncer la refonte de son programme d’abonnement All Plus pour être plus en phase avec les attentes de ses clients.
10 !
Le cronut a 10 ans.
Cette rencontre hybride du croissant et du donut inventée par Dominique Ansel en mai 2013 a déchainé les passions à son lancement.
Mais surtout, rendons au cronut ce qui lui appartient : il a été la toute première pâtisserie à avoir fait à ce point le buzz sur les réseaux sociaux. A l’heure où les it-pâtisseries se succèdent par fournées (babka, new-york roll, maritozzo, etc …), il a été le premier à générer un buzz mondial entrainant dans son sillage de longues heures d’attente avant l’ouverture de la boutique à New-York, de la revente sur le marché noir à des prix délirants et la limitation des quantités par client. Un phénomène jusqu’alors plutôt réservé à la mode et aux collaborations en édition ultra-limitée (on peut penser notamment à la collection Karl Lagerfeld chez H&M).
Alors 10 ans après, le cronut a atteint l’âge de raison voire celui de la retraite (sujet à ne pas aborder en ce moment !). Si l’effet de mode est clairement retombé, le cronut est quasiment devenu un classique dont la forme/le principe a été repris par certaines grandes enseignes de la restauration aux US.
Dominique Ansel, suffisamment malin pour sentir le potentiel du produit, avait pris soin de déposer le nom. Il continue de le faire vivre dans ses boutiques avec des parfums renouvelés au fil des saisons et propose, chaque mois de mai, une box « anniversaire » composée de 5 mini cronuts reprenant les saveurs phares. Les précommandes pour la box des 10 ans sont déjà sold-out, preuve en est que le cronut a encore de beaux jours devant lui …